Auberville


La traversée de Houlgate
La traversée de Houlgate

Le 21 août à 11 heures, les troupes belges de la Brigade Piron entrent à Cabourg, devant la Dives, dont les ponts ont sauté. Le colonel y installe son PC avancé tandis que la 1ère unité, utilisant des moyens de fortune, traverse le fleuve. Elle dépasse Houlgate et s'avance vers Auberville où elle se heurte à de fortes arrières-gardes allemandes. Une section guidée par un patriote français, le Lieutenant Lefevre, tombe dans une embuscade et se trouve prise sous le feu de 4 armes automatiques. 5 hommes sont tués. L'aumônier qui se rend sur les lieux pour secourir les mourants et les blessés est atteint à son tour et doit être évacué. 

Dans la soirée, une nouvelle attaque enlève les premières résistances sans appui d'artillerie. Dans la nuit, cette unité renforcée et appuyée par l'artillerie repart à l'attaque. Cette fois, le succès est complet et les Allemands décrochent.


Drame à Auberville

Le 21 août 1944, après avoir libéré Cabourg et Houlgate, la 1ère Unité repart en avant de la Brigade en direction d'Auberville. Cette mission est confiée au 5ème Peloton d'assaut. Au carrefour d'Auberville, c'est le drame. La 1ère section du 1er Sergent DE GROOTE tombe sous le feu de l'ennemi. Six hommes de la Brigade (1er Sergent DE GROOTE, Caporal BETBEZE, Soldats JADON, BECKAERT, GURHEM et DE BOECK) ainsi qu'un FFI divais, le lieutenantPaul LEFEBVRE qui les guidait y laisseront leur vie.



Témoignages d'André Divry, un soldat belge de la Brigade Piron

Arrivée dans la journée à HOULGATE. Je m’assieds sur une barre en face de la Mairie. Nous sommes fatigués avec notre barda, équipement complet que nous transportons depuis les avants postes du château d’Amberville, pelle, petit sac à dos avec 1 boîte de 48 cartouches de réserve pour le Bren, 2 grenades Mills, 1 phosphore, 2 bandes de cartouches supplémentaires.

En ce qui me concerne, le fusil de sniper pèse environ 6 kg avec la lunette plus une paire de jumelles. Après un certain moment de repos, rassemblement. Nous partons en colonne de sections de chaque côté de la route. Nous marchons tout en observant notre gauche, car si les boches se trouvent sur les hauteurs, il y aura de la casse chez nous. 

Rien ne se passe, nous continuons notre chemin. Arrivés à un carrefour, nous rencontrons des civils, ceux-ci expliquent quelque chose au Lieutenant SCHMITZ. Je n’assiste pas aux conciliabules car Roger EGGERICKX m’envoie m’installer en tant que sniper à plus de 50 mètres pour surveiller notre droite, principalement la ferme qui se trouve à plus de 200 mètres. De ma position, je remarque qu’une section prend à gauche du carrefour, dirigée par le lieutenant SCHMITZ.


Quelques instants plus tard, Roger EGERICKX vient me dire de monter environ 100 mètres, de faire attention devant et à droite, vers l’arrière. De ma position, en regardant vers la gauche, je vois la section qui avait pris à gauche du carrefour, venir se déployer en tirailleur dans un des vergers qui se trouve à gauche de la route. Je remarque aussi que Joseph DEFAWE et Charles GILSOUL passent la clôture pour revenir sur le chemin qui est encaissé. Vu le vallonnement du terrain, ils disparaissent de ma vue.

 

Et le combat s’engage, Bren, Sten, Spandau 34, grenades… Je regarde vers l’arrière à droite, je vois 3 boches venant dans ma direction. Veulent-ils rejoindre leur position ou nous prennent-ils à revers ? Question sans réponse, …ils sont morts ! Cela tire toujours sur ma gauche. Notre Bren s’arrête après quelques instants, reprend son tir, s’arrête à nouveau pour recommencer à tirer. J’entends quelqu'un qui pleure et appelle…Cela tire à environ 200 mètres devant moi, Bren, Grenades, MG34. J’ignore ce qui se passe, mais ça crache. Du côté de notre section, la bagarre diminue. Regardant vers la gauche, j’aperçois 3 militaires sur la route. Un est recouvert d’une cape blanche avec une croix rouge sur le dos et sur la poitrine. Il tenait à bout de bras, le Christ, c’était notre aumônier, qui sera blessé au cours de l’action, il était accompagné de Louis DEBROUWER et Willem ROMANUS, nos brancardiers. Des Héros messieurs, des héros ! Car cela tire toujours. Ils vont pour donner l’extrême onction et éventuellement soigner des blessés. Ils ramènent Jean-Baptiste DE BROECK, très grièvement touché à la face, l’épaule et la partie du côté droit de la poitrine. Il sera transporté vers HOULGATE sur un tombeau tiré par un cheval. Il décédera quelques instants plus tard. 

 

Vers 3Hr00, arrive un peloton d’assaut dont faisait partie Henri DRION (3ème Unité motorisée, 4ème Pl d’Assaut), celui-ci m’a demandé ce qui s’était passé.

 

Vers 4Hr00, le Lieutenant SCHMITZ ayant réorganisé le peloton a donné comme directive à Théo HENDRICKX de récupérer les Stens. Théo m’a demandé de l’accompagner. La première Sten appartenant au Caporal Marcel BETBEZE était inutilisable, touchée par balles et éclats de grenades. La seconde Sten du 1er Sergent HIPPOLYTE DE GROOTE était intacte, détail macabre, une grenade avait explosé à côté de lui, sa cervelle était répandue sur sa Sten. Crispé sur son arme, celui-ci avait vidé son chargeur complet avant de mourir. Ses doigts étaient tellement crispés que Théo a dû les casser pour récupérer l’arme.

Quelques heures plus tard, nous avons continué notre route pour arriver à un endroit qui n’était autre que le carrefour d’Auberville et rencontrer les gars du Lieutenant JACOBS (3eme Pl d’Assaut). Je savais maintenant qui s’était bagarré devant moi pendant que notre section attaquait. Je pense que Jean MAITREJEAN a été blessé à ce carrefour.

André Divry



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Témoignage d'André Divry de la Brigade Piron
André Divry a participé à la libération d'Auberville au cours de laquelle plusieurs hommes sont tués.
Extrait du site : http://www.brigade-piron.be/
divry.pdf
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