La Brigade Piron


Début août 1944, les brigades belges et néerlandaise débarquent à Arromanches

Début Août, les brigades belge et néerlandaise débarquent à Arromanches et rejoignent la 6e Compagnie aéroportée avec leurs autos blindées sous le commandement du général Gale. 

Le colonel PIRON prend contact avec l'état-major britannique installé dans les carrières de chaux sur la rive droite de l'Orne. La mission du groupement est de s'établir en réserve de la division sur la rive gauche de l'Orne. Les trains du groupement (véhicules) sont déjà sollicités par la division britannique pour transporter des parachutistes vers Pont l'Evèque.


Le 18 août, les Belges mènent l'attaque à partir de Sallenelles

Dans la nuit du 17 au 18 août, le général Gale décide de scinder sa division pour suivre deux routes. La route de la Côte vers Honfleur est confiée aux Belges de la Brigade Piron. 

 

L'autre route, au sud est confiée aux autres Bérets rouges et commandos qui iront depuis Troarn vers Pont-l'Evêque et Pont-Audemer.

Les résistances sont très fortes. La route est minée et tenue sous le feu du point fort du Moulin du Buisson, dont le centre est constitué d'une casemate blindée située au sommet d'une dune.

Après des combats violents pour capturer le bunker, les Belges progressent lentement sur la route de Merville-Franceville à cause des nombreuses mines posées par les Allemands afin de couvrir leur repli. Dépassant Franceville, ils rallient Le Hôme-Varaville.

Les Belges poussent ensuite vers Cabourg où ils doivent stopper, canonnés depuis les hauteurs de Dives-sur-mer.


Cabourg, Dives-sur-mer et Houlgate, sont libérées le 21 août 1944

 

Le 21 Août, à l'aube, les belges entrent dans Cabourg. La veille, ils ont entendu les explosions annonçant le départ des Allemands et la destruction du pont. Guidés par quelques habitants de Cabourg, de Dives et d'Houlgate restés sur place, ils franchissent la Dives, puis le canal, sur des barques et des radeaux cachés par des pêcheurs.

Pendant que les sapeurs s'affairent à la construction d'un pont Bailey, les fusiliers belges traversent Houlgate dans l'après-midi.


Embuscade à Auberville

Le 17 août, à 17h, les Belges prennent le château Foucher de Careil, sur les hauts de Dives, puis une patrouille progresse vers Auberville jusqu'à un puissant blockhaus qui garde les hauteurs. Là, les Belges et leurs guides, Houlgatais et Divais se heurtent à l'ennemi. Cinq hommes s'effondrent, fauchés par les balles. Les Belges sont furieux ; l'artillerie est appelée à la rescousse et la position est attaquée pendant la nuit. A 2h45, le 22 Août, le blockhaus est pris et la route de la côte est de nouveau ouverte. 

 

Sur la route du sud, les autos blindées belges et néerlandaises, envoyées en reconnaissance, talonnent les Allemands sans relâche dans les vergers et petits villages du Pays d'Auge. Des patrouilles sont dépêchées pour trouver les passages de la Touques. 

Après avoir atteint Villers-sur-mer, à 13h, les Belges et la 6e Brigade aéroportée pénètrent dans Deauville, au soir du 22 août. Ils sont acclamés par la foule, mais l'ennemi est tout proche sur l'autre rive de la Touques.

 

Le pont est détruit et les canons, depuis les hauts de Trouville, pilonnent les Alliés en quête d'un autre passage. Les Belges, les Royal Ulster Rifles et les Devons passent la Touques en barque, libèrent Trouville et foncent sur Honfleur. Ils y entrent le 25 août, à l'aube, c'est un triomphe !

Extraits du livre de Vincent Carpentier "Carnets du Jour J"


La Libération de Dives et Cabourg par la Brigade Piron - Article du journal Le Progrès - 1945

Après l’évacuation forcée de Dives et Cabourg, il ne devait rester que 33 civils, mais il en resta environ 160 à 180 qui furent tolérés, ou autorisés, par les troupes d’occupation et ravitaillés sur place. Mais, le 15 Août, ordre fut donné d’évacuer l’hôpital, et l’expulsion de tous les habitants fut décidée pour le 17. Malgré cela, quelques-uns restèrent encore : une vingtaine à Dives et à Cabourg. Ces habitants, groupés dans deux ou trois maisons, se ravitaillaient comme ils pouvaient. Le dimanche 20 Août, à 21 heures, M. Tessier est informé du repli des boches. Mais il convient d’être encore prudent, des S.S. patrouillant dans Cabourg.

 

A 22 heures, le Château d’Eau est détruit. Une demi-heure plus tard, la route est coupée en face la Brèche-Buhot, et les dernières chenillettes allemandes quittent Cabourg. Un peu avant minuit, une forte explosion et l’arrêt de l’eau indiquaient que le pont de Cabourg venait de sauter ; bientôt suivie d’une série d’explosions provoquées par la destruction des ponts du canal. A noter que ces destructions étaient faites à l’aide de charges spéciales, allumées par piles indépendantes ; la garde du pont était assurée par des postes situés aux abords immédiats, ainsi que par des canons antichar et des mitrailleuses. Des avions continuaient à patrouiller et lancer des fusées auxquelles répondaient d’autres fusées, parties de Cabourg et des environs, indiquant qu’il restait encore des retardataires patrouillant dans la région, après la destruction des ponts.

 

Le 21 Août, en compagnie de M. Bulot, et quelques autres, nous visitons les différents points de Cabourg et, à 10 heures du matin, en compagnie de M. Dieudonné, nous hissons le drapeau français sur la Mairie de Cabourg. (…) Je pense qu’avant d’engager des troupes il faut être certain que des batteries mobiles ne soient pas pointées sur la route du Hôme. Les deux Houlgatais retournent alors chez eux décidant d’essayer de rejoindre les Alliés par une autre route. Sur la fin de la matinée, M. Tessier se décidait, accompagné d’un petit groupe composé de MM. Martin Gonthier Delaunay, Périlleau, Desguignet et Allotte, d’aller au-devant des Alliés, pendant que les cloches de l’Eglise sonnaient à toute volée, pour attirer leur attention. La route du Hôme était impraticable, par suite des mines et des démolitions, il est accueilli par des rafales de mitrailleuses. Un drapeau blanc est agité. Les français crient : « Nous sommes Français », et ils ont la joie de voir, enfin, sortir de terre les premiers uniformes kakis.

  

C’étaient des Belges ; ce fut un moment de joie délirante. La patrouille était commandée par un sergent belge, nommé Alexandre, légionnaire français, décoré de la Médaille militaire qui, apprenant que l’officier français qu’il avait devant lui était aussi un ancien légionnaire, fredonna le Chant de la Légion et, dans un garde-à-vous impeccable, salua le drapeau français. Notre groupe, auquel s’était joint M. Blottière, de Houlgate, fut conduit à la section installée au Château d’eau. Là, le lieutenant Laurens les fit conduire, avec Allote, auprès du général commandant la 6ème Division Airborne, à Saint-Samson ; après vérification des papiers de M. Tessier, il lui fit préciser sur la carte l’emplacement du système défensif boche. Après une réception fraternelle, ils revinrent avec les troupes belges à Cabourg où, par ordre de l’officier français de liaison Friedmann, M. Tessier fut chargé de la sécurité de Cabourg et de ses environs.

 

Le 22, au matin, les derniers soldats allemands de la région étaient capturés et le soir, en compagnie de M. Hay, les Cabourgeais organisent une réception en l’honneur des troupes alliées. Ceux-ci les remercièrent d’avoir facilité leur entrée dans Cabourg et évité le bombardement de la ville. Vers 10 H 30, les premiers Belges passaient la « Dives » sur les débris du pont, et la section, sur des bateaux qu’avaient procurés MM Bulot et Dieudonné, et atterrissaient en face la gare de marchandises de M. Lemesle, qui était resté en liaison avec M. Tessier, les accueillant. C’est le lieutenant Lieurens, accompagné de six infirmes. M. Lemesle, tout à la joie, les reçoit chez lui et leur offre le vin de l’amitié. Puis, aidé de sa fille, il les dirige vers le canal. Là se trouvait une barque, montée par M. Adjacent d’Houlgate. Les Belges prennent place, abordent l’autre rive et atteignent Houlgate où la population leur fait une réception chaleureuse ; ils sont reçus à la Mairie, au milieu de la joie générale et, comme dans toutes les villes, les cloches sonnent pour fêter la libération.

 

 

A Houlgate, deux Houlgatais, MM Lemoine et Xavier, qui comme nous l’avons dit plus haut, avaient essayé de joindre les Alliés, s’étaient entre temps, dirigés vers la Croix-Kerpin, où un facteur M. Weiss, leur avait dit avoir aperçu des soldats allemands. Sur la chaussée de Varaville, ils établissaient la liaison avec les uniformes kakis et, après avoir informé le commandant de l’unité du départ des Allemands de Houlgate, revenaient chez eux. Dans l’après-midi, d’autres Houlgatais rendirent également des services aux troupes alliées, les dirigeant à travers la campagne. C’est ainsi que M. Dauvillaire dirige une section qui prend position à Foucher-de-Careil ; puis en conduit une autre dans Auberville où, en cours de route, il est rejoint par deux Divais : MM Laurent et Lefèvre, conduisant également des troupes belges à l’assaut d’Auberville. Tous devaient revenir indemnes, à l’exception de notre malheureux compatriote Lefèvre, qui devait trouver la mort en compagnie de cinq soldats belges, en bordure de la route de Villers.


Témoignages de la Brigade Piron


Documents communiqués par Jean-Louis Marichal et Didier Dufrane

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Carnet de campagne du 21 Août 1944
Extrait du carnet de campagne du Capitaine Didisheim (Intelligence Officer de la Brigade Piron) relatant les événements du 21 août 1944
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Témoignage d'André Divry
Le récit par un vétéran de la Brigade Piron de la bataille d'Auberville qui a vu 7 soldats tués ce jour-là
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Anecdote lors du passage de la Dives
Pierre Dufrane raconte une anecdote survenue lors d'une tentative pour traverser la Dives et les combats pour la prise d'Auberville.
Pierre Dufrane en Normandie.pdf
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Témoignage de Jacques Wanty
Jacques Wanty fait un récit de l'arrivée de la brigade Piron et de sa blessure lors d'une mission de reconnaissance au Bas de Bréville
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Extraits du journal Le Progrès - août 1945

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Extrait du journal Le Progrès le 18 Août 1945
A l'occasion du 1er anniversaire de la Libération, le journaliste du "Progrès" résume les événements qui ont eu lieu lors de la libération de Cabourg, Dives et Houlgate
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