La prison de Pont-L'Evêque


Prison Pont l'Evêque - wikipedia
Prison Pont l'Evêque - wikipedia

L’histoire de la prison de Pont l’Evêque n’a rien à voir avec une « Joyeuse prison ». Outre le fait qu’elle fut un lieu d’enfermement et donc d’épreuve dès son ouverture, elle devint pendant l’Occupation un lieu de souffrance et l’antichambre des camps (dont beaucoup ne reviendront pas) ou de la mort (à Argences, Saint-Pierre-du-Jonquet …). Plus de 150 résistants y ont été internés durant cette période, provenant de toute la région. Les listes consultables au SHD de Caen et les registres d’écrou de la prison aux Archives départementales du Calvados le confirment. 

Les recherches très documentées menées par l’historienne Marie-Jo Bonnet permettent d’identifier précisément parmi ces listes de nombreux détenus (communistes, Juifs, résistants…) remis aux autorités allemandes et de connaitre leur tragique destin. Elle a restitué une partie de cette histoire devant un nombreux public au cinéma le Concorde de Pont-l’Evêque en mai 2022. 

Plusieurs livres d’Yves Lecouturier, historien et passionné par le patrimoine normand nous ont aussi beaucoup appris sur cette époque et les épreuves endurées par les populations du fait de l’occupant. (« Massacre à Saint-Pierre-du-Jonquet, L’Ange noir de la Gestapo… »)

Depuis la découverte du calice de l'abbé Leclerc par Alain Pignel, avec l'association "un fleuve pour la liberté", nous nous sommes intéressés plus particulièrement au parcours des Divais arrêtés pendant l'occupation. La consultation des registres aux Archives Départementales du Calvados en août 2023, a permis de mettre en évidence que de nombreux habitants de Dives-sur-Mer arrêtés entre 1941 et 1944 ont été emprisonnés à Pont-l'Evêque.


Juillet 1941 : des communistes divais internés à la prison de Pont-l'Evêque

Parmi les prisonniers détenus à la prison de Pont-l'Evêque, on trouve la trace des communistes divais arrêtés dès les premières années de l'Occupation.

Du 3 juillet 1941 au Septembre 1941, y ont été emprisonnés

André LENORMAND - Déporté et revenu - Député en 1946, Maire de Dives de 1953 à 1983

Gaston MANNEVILLE - Déporté et revenu - (décédé en 1945)

Marcel LÉPAULE - Déporté - Disparu

Lucien LESAULNIER - Déporté et revenu

Marcel LOISEAU - Déporté et revenu

Roger GOUBIN

Marcel LEPERCHEY

Suzanne LENORMAND épouse LEPICQ

Robert LOUIS SCHOPP

Louis AUGUSTE SERGIS

Roger GUYON

Registre écrou Prison de Pont l'Evêque AD14 2Y6/86
Registre écrou Prison de Pont l'Evêque AD14 2Y6/86

Mai 1942 : Juifs et communistes divais sont écroués à la prison de Pont-l'Evêque

Suite aux 2 sabotages de trains transportant des Allemands en mai 42 à Airan (28 soldats tués), deux communistes et plusieurs juifs sont arrêtés à Dives-sur-Mer. On trouve également leurs traces dans les registres d'écrou de la prison de Pont-l'Evêque. Tous sont morts en déportation.

Maurice AUVRAY - Mort en déportation

Maurice MONROTY - Mort en déportation

Ils ont été déportés dans le convoi 42 dit des 45.000 vers Auschwitz avec des juifs originaires de Dives :

Chaïm LEVINSKY et son fils René - Morts en déportation

Leil KHALETSKY - Mort en déportation

Henri HASMAN - Mort en déportation

Ester et Wolf MILLER et leurs deux filles Nadja et Rajzla MILLER - Morts en déportation


Février 1944 : un Divais arrêté pour détention d'une arme est emprisonné à Pont-l'Évêque

Pierre Cazenave, hôtelier, propriétaire d'un établissement à Dives-sur-Mer, ancien gendarme, est arrêté par la police allemande suite à la découverte d'un pistolet et d'un poignard dans son véhicule. Il est mort en déportation.


Juillet 1944, l'abbé Leclerc et 7 autres résistants divais sont emmenés à Pont-l'Evêque

Pour avoir caché des parachutistes alliés lors du Débarquement, des résistants de Dives sont arrêtés début juillet 1944. Les dépositions figurant dans le procès-verbal de gendarmerie indiquent qu'ils ont tous été emmenés à Glanville avant d'être enfermés à Pont-l'Evêque. Les témoignages des femmes qui ont été arrêtées le 4 juillet en même temps que leur mari ou leur fils sont formels : arrivés vers le 6 juillet à Pont l'Evêque, ils ont été emmenés pour une destination alors inconnue le 9 juillet. Les femmes ont été libérées le lendemain sans savoir ce qu'ils étaient devenus. Elles n'ont su la triste vérité que deux ans plus tard lors de la découverte des corps dans un trou de bombe à Saint-Pierre-du-Jonquet.       

Parmi les massacrés, se trouvent  huit Divais : 

Les Résistants de Dives :

Abbé Jacques LECLERC

Jacques BIMONT  

Yves DIVERRES                                                        

Pierre LE CUNFF

Fernand MANNOURY 

et 3 jeunes Polonais :

Stanislas LUDWICZAK

Stephan KOPCIARA 

Jean KIELICHOWSKI                                  

Parmi les corps identifiés :

Marcel CATHERINE

André GARDY

Bernard LEFEVRE

Jean-Marie PASSOT

Léon POUCHIN

Jean ROGER

Maurice SERRE

Adrien VERMUGHEN

Maurice DUVAL

Liste du Docteur Martin de Troarn en 1946  

Parmi les non identifiés, il pourrait y avoir : 

André MULOT

Michel et Christian WANDER

Georges LEBRUN

Michel GOLINSKI  

Fernand SERVANTI  

Roger DOISY  

Pierre BAUDRON 

des soldats alliés

 

Liste établie par Yves Lecouturier


La Prison de Pont-l'Evêque ; Coll Pierre David : Monument de Saint-Pierre-du-Jonquet et Cérémonie à Dives en 1946 autour des corps des massacrés

Parmi les noms qui figurent dans les listes de la prison de Pont-l'Evêque, on trouve :

Léon POUCHIN, incarcéré le 4 juillet est « remis à la police allemande sans connaître la destination » le 8 juillet. Il est identifié dans le charnier.  

Gilbert DILLARD, arrêté le 9 est lui aussi remis à la police allemande le 12 juillet. Il fait peut-être partie des victimes supposées de ce charnier.

(Source MJ Bonnet)


L'école de Pont-l'Evêque, un autre lieu d'internement en 1944

L'école de Pont-l'Evêque a été un autre lieu important d'internement des civils et des soldats alliés en 1944. Le rapport de la Croix Rouge consulté par Toni Mazzotti fait état de " 779 soldats Américains, Anglais et Canadiens capturés par les Allemands et détenus provisoirement à Pont-l'Evêque du 8 juin au 21 août 1944. Dans la même période, le Comité nourrissait environ 300 Civils français arrêtés par la Gestapo et détenus également à Pont-l'Evêque."

Une plaque a été posée sur le mur de l'école  pour rendre hommage aux aviateurs alliés abattus et aux pilotes de planeurs, commandos, parachutistes et troupes de la 6th Airborne qui ont été prisonniers dans cette école à partir du 6 juin 1944..Elle a été dessinée par Toni Mazzotti en collaboration avec la mairie de Pont-l'Evêque pour faire de l'école un lieu de mémoire. 

La plaque a été inaugurée le 25 août 2018 par la fille du L/Cpl A. Mavor, prisonnier dans cette école. 


La prison de Pont-l'Evêque : un lieu de  mémoire ? Signez la pétition !

Désaffectée par l'administration pénitentiaire en 1953, la prison a été cédée à la ville de Pont-l'Evêque en 2005.

Son histoire douloureuse mérite d'être connue et partagée !

Vous pouvez nous aider en signant la pétition qui demande le respect de la mémoire et la pose d'une plaque commémorative.


Un histoire plus complète de la prison sous l'Occupation par Marie-Jo Bonnet

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Conférence de Marie-Jo Bonnet - Mai 2022
Texte MJ-Bonnet-Prison Pont-L'Evêque 20
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