Sannerville a été au cœur de l’opération Goodwood, la plus grande bataille de chars de la seconde guerre mondiale sur le front occidental. Montgomery avait mis à disposition un maximum de ses forces. Mille bombardiers ont été engagés, le bombardement a duré 3 heures pour 5 villages, parmi lesquels Sannerville, situés juste à l’est de Caen. Ce fut «un chaos retourné, un bombardement d’une intensité inimaginable».
Le front n'a avancé que de 11km et Troarn n'a pas pu être libérée avant le 17 Août. La population avait été évacuée par les allemands le 14 juillet, mais beaucoup avaient fui, à pied, dès le milieu du mois de juin. De retour à Sannerville, il fallait 1 heure pour contourner les trous de bombe et faire un trajet qui durait 10 minutes avant la guerre !
Ce même jour du 6 juin, un parachutiste anglais est tombé à environ 10 mètres du nid de mitrailleuses. Le garde-champêtre de Sannerville, M. Nicole, venait tous les matins chercher de l’herbe pour ses lapins à proximité du nid de mitrailleuses. Ce jour-là, alors qu’il coupait son foin à la faux, il entend « Pssstt, Pssstt ». C’était le parachutiste qui était tombé dans un trou dans le champ. M. Nicole lui a fait signe de ne pas bouger et il s’est rendu à la maison qui était tout près et a dit à mon père: « Il y a un parachutiste anglais, il faut le sortir de là ! » Mon père, Adrien, a pris des vieux vêtements, sa faux et son sac comme il avait l’habitude de le faire. Tous deux sont passés devant le nid de mitrailleuses, et lorsqu’ils se sont trouvés à proximité de l’Anglais, ils lui ont jeté le sac avec les vêtements. Le parachutiste s’est habillé avec ces affaires, il a mis ses vêtements militaires dans le sac et, avec sa mitraillette sous le bras et encadré par M. Nicole et mon père, tous les trois sont passés devant les Allemands en disant « Bonjour messieurs ». Les Allemands ne se sont pas rendu compte qu’ils étaient passés d’abord à 2 et puis repassés à 3.
L’Anglais a pu se sauver, il a pu rejoindre les lignes dans le bois de Bavent. Il avait dit: « Quand je serai arrivé, je tirerai ce soir, à 18 heures, comme cela vous saurez si j’ai pu passer. » Et c’est ce qui s’est passé. On a su après que, dans les jours qui ont suivi, il avait été tué.
Gérard Philippe
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