Le 6 juin, les combats font rage à l’ouest de la Dives, puis le front se stabilise jusqu’à la libération de Caen.
Le 17 août enfin, la poche de Falaise étant presque refermée, les armées allemandes refluent massivement vers la Seine. Entretemps, Houlgate reste occupée et subit de nombreux raids aériens visant les canons postés sur les hauteurs. Partis à l’assaut depuis Sallenelles, les fusiliers belges de la Brigade Piron libèrent Cabourg au matin du 21 août et franchissent la Dives avec le concours des quelques habitants, Cabourgeais, Divais et Houlgatais, restés sur place après le départ des Allemands. À Houlgate, un habitant parvient à prévenir le Général Gale, commandant la 6e Division aéroportée, et à éviter le bombardement.
Juste après le débarquement, j’ai vu des prisonniers anglais à Houlgate qui avaient été regroupés, ils étaient une trentaine assis sur un muret et ils étaient encore tout barbouillés de noir. Ils étaient sous la garde d’une dizaine d’Allemands. J’en aurais presque pleuré.
Après le Débarquement, on a été deux mois sous les feux de la marine. On habitait toujours chemin Vimard. De l’autre côté de la route, la ville avait fait des tranchées en zig-zag, elles étaient en deux parties, elles étaient creusées à ciel ouvert plus tard on les a fermées avec des fagots et des tôles. Des gens de la rue Pasteur avaient amené des matelas dans le garage pour se protéger. Lors d’une alerte, des Allemands sont venus dans notre propriété. J’allais souvent voir la mer sur la colline, on voyait les cuirassiers qui nous tiraient dessus. On voyait le feu et on entendait le bruit après. Un jour, j’ai eu très peur, j’étais sur le versant de Dives et j’entendais les obus qui sifflaient au-dessus de ma tête et qui allaient sur Dramard. Je n’ai pas traîné …
Une petite dame s’était réfugiée sous la voie de chemin de fer elle a été tuée.
Lors d’un bombardement, un avion allemand a lâché toutes ses bombes, une série de 7 ou 8 bombes qui sont tombées sur le pré Blandin en ligne droite, quatre ou cinq bombes ont explosé au raz en faisant tout sauter sur 30 mètres et les autres ont été retrouvées. Un cheval et trois vaches ont été tués. Un éclat d’obus est aussi rentré dans notre cuisine en hauteur et avait cassé un carreau.
Houlgate n’a pas été évacué. Ma mère ne pouvait pas marcher, elle avait été piquée par des moustiques partout et ses jambes étaient tellement enflées qu’elle était intransportable.
Jean Xavier
Mon mari a été enterré à Tournebride en 44 !
C’est un bombardement qui a eu lieu à 6 heures moins le quart, le 25 avril 1944. Tout s’est éboulé et il est resté enterré 32 heures sous 7 mètres de terre !
Il était entre deux poteaux, il y a eu beaucoup d’Allemands tués.
Il travaillait à faire des galeries pour les Allemands à Tournebride, en face du bistrot qui s’appelait le Tournebride. Il avait 17 ans, les copains sont partis et il est resté tout seul. « Les autres avaient entendu les avions et étaient partis et moi j’étais enfoui ». Ce sont les allemands qui l’ont retrouvé et qui l’ont sorti au bout de 32 heures. Ils l’ont déshabillé complètement, il avait une paire de sabots tout neufs, ils y sont restés. Pour lui donner à manger, ils lui donnaient avec une ficelle, du pain avec une ficelle.
« J’étais presque nu parce qu’il n’y avait pas de place et je ne pouvais pas passer. »
Maurice a toujours gardé dans son portefeuille une photo du trou par lequel il est passé!
Ce sont les Allemands qui l’ont sorti, il criait, il criait mais sans dire son nom parce qu’il pensait que les Allemands pourraient le laisser dans le trou s’ils savaient que c’était un français. Mais après, ils ont été très gentils, ils l’ont emmené chez ses parents et l’ont soigné.
Mme Vanderielle
Voir aussi le journal de M. Duhamel
La Libération, je l’ai touchée de près. J'ai accueilli les premiers libérateurs au pont de Cabourg avec trois autres personnes : une personne qui habitait près d’un pêcheur de Dives mais dont je ne retrouve plus le nom, M. Larigaudie et Michel. On croyait que c’étaient des Anglais. On leur parlait 2 ou 3 mots en anglais et ils nous ont répondu en français. Ils nous ont dit de rester en colonne car il y avait moins de risque à cause les mines. J’avais à ce moment-là dans ma poche un grand drapeau anglais et j’ai demandé à Jean-Michel s’il fallait le sortir. On était sur les ruines du pont de Cabourg et de loin on les voyait arriver mais on ne savait pas si c’étaient des Allemands … Vers 11 heures nous sommes partis vers Dives, les deux ponts étaient sautés. J’avais caché mon vélo à Dives chez Manson dans un sous-sol et j’ai franchi le pont sur les débris.
Il y avait un petit embarcadère fait par les Allemands près de la petite vitesse à Dives, ils avaient attaché 4 ou 5 barques ensemble. M. Adjacent en a détaché une et est remonté vers le pont de Cabourg. Le gars qui était avec nous sur les ruines du pont a dit « je sais où trouver des cordes » et c’est là que le va-et-vient a commencé. Il était 3, 4 heures de l’après-midi, on a eu plus de mal car la marée descendait et il y avait du courant. C’était plus difficile de traverser le canal qui n’était pas recouvert à cette époque-là que la Dives. Ce n’était que de la vase. J’ai même porté le sac du Capitaine Van Atten (?). En repartant, j’ai repris mon vélo et j’ai emmené son sac.
Les Belges sont arrivés vers 4 heures à Houlgate, il y a eu un premier rassemblement en face du Bar Normand, un Allemand arrive à ce moment-là et il s’est rendu. Les soldats anglais et belges ont voulu le descendre mais des gens ont dit non, pas devant les enfants. Il y a eu un autre rassemblement devant la Mairie vers 5 ou 6 heures et un chef a dit à ses soldats : « il faut qu’on soit là-haut ce soir » et c’est là qu’ils ont été tués. A Auberville, il y avait un petit blockhaus saillant, il y a eu 3 ou 4 tués, les pauvres …
Jean Xavier
Rue Charles Sevestre à Houlgate
Charles Sevestre est né le 22 janvier 1933. Employé à l’usine de Dives, il est arrêté et transféré en Allemagne pour le S.T.O. Il obtient une permission en soudoyant un gradé et revient se cacher à Houlgate chez sa mère. Il y reste 2 mois, sans se faire prendre mais ne supporte pas que sa mère soit constamment interrogée par la gestapo. Il est alors mis en contact avec le docteur Derrien dirigeant résistant à Argences où il va exercer le rôle d’agent de liaison sous couverture d’un emploi de jardinier.
Il sera arrêté en même temps que le docteur Derrien et emmené à la prison de Caen. Il fait partie des 73 fusillés de la prison de Caen assassinés le 6 juin 1944 dans la cour de la prison. Les corps n'ont toujours pas été retrouvés.
Suivez nos actualités sur Facebook
"La Dives, un fleuve pour la liberté"
memoireouvrieredives@gmail.com