Lieutenant britannique originaire d'Abingdon dans l’Oxfordshire, Ray Belcher est l'une des premières victimes alliées du Débarquement. En tant qu’officier, à 21 ans, il est en charge d'un groupe de parachutistes. Dans les premières heures du 6 juin, après avoir atteint la côte normande son avion est abattu au-dessus de Grangues. Tous les occupants sont tués.
Surnommé affectueusement « Bunny » par ses parents résidant dans le quartier de Vineyard, Abingdon Ray Belcher s’est marié en décembre 1943. Sa femme Kay, caporale de l'Auxiliary Territorial Service, attend leur bébé. Bernard, le père de Ray, est brasseur et marchand de vin et sa mère Joyce travaille comme réceptionniste à l’Hôpital Radcliffe d’Oxford. Ray leur rend visite à The Cottage à Abingdon avant de partir en mission.
D'après le texte de Steve King traduit par Katie François, petite fille de Ray Belcher - Photos Coll. Thérèse Mallet et André Bosquain
Ray est un jeune homme brillant, sportif et apprécié de tous. Il obtient une bourse pour Brighton College. En 1941, après l’école, il s'engage dans le Public Schools Training Regiment du Royal Armoured Corps. Il sort major de sa promotion de Sandhurst le 1er janvier 1943. Le lieutenant-général Sir Alan Cunningham lui remet une ceinture Sam Browne. Le lendemain, il reçoit le grade d’officier, en urgence compte tenu de la guerre en cours.
Le lieutenant Belcher se porte volontaire pour des missions de parachutiste. Du 19 janvier au 3 février 1944, il suit l’entraînement au parachutisme – le Cours 99 – à la RAF Ringway, à Manchester. Ses instructeurs le décrivent « joyeux, avec le sens de l’humour ». Ils notent qu'à la fin de son entrainement, il a atteint un bon niveau. Ray trouve l'expérience terrifiante, exaltante et frustrante, comme en témoignent ses lettres à ses parents.
En tant que membre du D-Day Pathfinders – Airborne Reconnaissance Regiment, le lieutenant Belcher fait partie des premiers départs pour la Normandie. Le 5 juin 1944 à 23h40, son bombardier Stirling du 620 Squadron décolle de la RAF Fairford dans le Gloucestershire. L'avion est touché au-dessus de la France, tuant tous les occupants. Pendant des mois, le site du crash est jugé trop dangereux pour récupérer les corps.
Le 17 juin, Kay, l'épouse de Ray, reçoit le télégramme tant redouté : « Lt R C Belcher est porté disparu depuis le 6 juin. Le Conseil de l'Armée exprime ses condoléances. Une lettre suivra sous peu. »
La lettre, datée du 18 juin, indique que l'avion n'est pas revenu et que l'on craint que tous les occupants aient péri. Une enquête urgente est menée, mais il faudra des mois avant que le comte du château de Grangues ne parvienne à convaincre les Alliés d'envoyer une équipe militaire pour sécuriser le site afin que les corps puissent être récupérés.
La famille Belcher dût attendre juin 1945 pour connaître les conditions de sa mort.
Anthony, l’unique fils de Ray et Kay, est né le 9 septembre 1944, trois mois après la mort de son père, et décède en 2006.
Documents Collection Mallet
Ray repose au cimetière militaire de Ranville. Son nom est gravé sur la stèle du cimetière de Grangues, parmi les 54 noms de soldats britanniques et canadiens décédés à Grangues le 6 juin 1944.
Un parchemin commémore le lieutenant R. C. Belcher du Royal Armoured Corps, qui servit son Roi et son pays pendant la guerre mondiale de 1939-1945 et donna sa vie pour sauver l'humanité de la tyrannie. Que son ultime sacrifice apporte paix et liberté.
Mess des officiers - Ringway, près de Manchester
« Chers maman et papa, le mauvais temps a complètement arrêté les entraînements - Dieu seul sait combien de temps je serai coincé ici – cela dépend totalement de l'absence de vent – nous avons réussi à faire un saut – un peu terrifiant de s’y préparer mais une excitation colossale de le faire réellement ! Il est presque impossible de décrire ses sensations car on retient si peu du saut réel. L'attente commence à agacer tout le monde et à nous rendre un peu nerveux – mais cette partie de l’entraînement est presque entièrement mentale et non physique – se forcer à sauter par un petit trou... »
Régiment de reconnaissance aéroportée blindée, RAC, Forces intérieures
« Chers maman et papa, quelques lignes pour vous dire à quel point Kay et moi avons apprécié le week-end avec vous et pour vous remercier d'être absolument merveilleux à propos du bébé à venir. Voici ce que nous avons décidé de faire – trouver un endroit pour Kay jusqu'à ce que je parte d'ici, puis elle ira à Truro pour la première partie de l'été – puis à Oxford pour la naissance et ensuite, cela dépendra de l'endroit où je pourrais être. Alors pourriez-vous commencer les démarches au Radcliffe – si tout se passe comme prévu, cela devrait être vers la troisième semaine de septembre. Je dois m'arrêter là. Avec toute mon affection. Bunny »
Suivez nos actualités sur Facebook
"La Dives, un fleuve pour la liberté"
memoireouvrieredives@gmail.com