Juillet 44, Massacre à Saint-Pierre-du-Jonquet


A Saint-Pierre-du-Jonquet, furent découverts, entre septembre et novembre 1944, les cadavres de patriotes fusillés. Le premier fut retrouvé dans le bois début septembre, puis ce furent six nouveaux corps, le 17 septembre dans l’eau boueuse d’un trou de bombe et vingt-et-un autres le 15 novembre 1946.

Une cérémonie est organisée à Saint-Pierre-du-Jonquet depuis 1957 le dimanche qui suit le 11 novembre en mémoire des « 28 hommes, pour la plupart des résistants, qui ont trouvé la mort dans un petit bois du village, une zone interdite par les Allemands. En juillet 1944, probablement le 14, ils ont été lâchement torturés, achevés d'une balle dans la nuque et jetés dans un trou de bombe. » 11 victimes n'ont pas encore été identifiées.

 


Les fusillés de Saint-Pierre-du-Jonquet

  Dans la nuit du 5 au 6 juin les paras britanniques et canadiens qui ont sauté dans les marais entre Dives et Varaville, sont activement recherchés et bien souvent, exécutés par les troupes d’occupation. Malgré tout, des hommes et des femmes risquent le pire en les recueillant et en les aidant à rejoindre leurs lignes.

 

Le 2 juillet 1944, la Gestapo procède à l'arrestation de Jacques Bimont, chef du centre de jeunesse à Dives, et l'abbé Jacques Leclerc, vicaire de Dives.  

Le 5 juillet 1944, la Gestapo d’Argences opère une grande rafle dans le secteur de Dives, du bas-Cabourg et du marais de Varaville. Hommes et femmes sont brutalement arrêtés, enlevés à leur famille et emmenés vers Pont-l’Évêque et Glanville où les attendent leurs tortionnaires. Certains sont relâchés. Quant aux autres, convaincus de terrorisme, ils sont assassinés quelques jours plus tard dans les bois de Saint-Pierre-du-Jonquet, près d’Argences, en zone interdite, à cause d’un site de lancement de V1 dont la construction ne fut jamais achevée, ils sont ensevelis en secret dans une fosse commune.

 

Leur crime ? 

Avoir recueilli et conduit des paras anglais, sains et saufs, dans une charrette à travers les marais de la Divette, sous le nez de l’occupant. Dans un ouvrage publié en 2011, l’historien caennais Yves Lecouturier a dressé la liste des victimes, encore lacunaire à ce jour faute d’une expertise d’ADN non autorisée par la législation française. Au total, 28 corps ont été exhumés en trois fois, les 17 et 23 septembre 1944 et surtout le 15 novembre 1946, d’une fosse commune située dans un pré de la ferme Pauger, à Rupierre, petit hameau de la commune de Saint-Pierre-du-Jonquet situé au nord-est d’Argences.

 

À ce jour, seuls 17 corps ont été identifiés de manière formelle. Les 11 autres victimes n’ont pas été formellement reconnues ; leurs corps ont été ré-inhumés ensemble sous 11 dalles blanches, au pied de l’église de Saint-Pierre-du-Jonquet.

 

Tous ont été exécutés sommairement et aussitôt enterrés dans un charnier. Deux d’entre eux au moins ont été torturés : l’abbé Leclerc et Adrien Vermughen.

 

Parmi eux, on recense huit habitants de Dives-sur-Mer :

 - Jacques BIMONT, directeur du Centre de jeunesse de Dives ;

 - Yves DIVERRES, et Pierre LE CUNFF, tous deux gendarmes retraités, employés comme gardiens à l’usine de Dives ;

 - Jean KIELICHOWSKI, Stephan KOPCIARA, et Stanislas LUDWICZAK, tous trois ouvriers à l’usine de Dives ;

 - l’abbé Jacques LECLERC, vicaire de Dives, accusé d’avoir caché des parachutistes britanniques dans le clocher de son église 

- Fernand MANNOURY, employé SNCF à la gare de Dives, membre du réseau Zéro-France.

 

              Et aussi deux habitants de Cabourg : DUVAL Maurice et VERMUGHEN Adrien

              Un de Varaville : LEFEVRE Bernard

              Un de Villers-sur-mer : POUCHIN Léon

              Un de Beuvillers : GARDY André

              Deux de Colombelles : PASSOT Jean-Marie et SERRE Maurice

              Un de Giberville : ROGER Jean

              Un de Paris : CATHERINE Marcel

 

            Le 22 novembre 1946, les restes de ces huit résistants, lâchement assassinés par la Gestapo, étaient de retour à Dives-sur-Mer, parmi les leurs.

 

                Un monument commémoratif fut inauguré le 15 novembre 1957.

 

 Texte de Vincent Carpentier


Cérémonie lors de l'inauguration du monument de Saint-Pierre du Jonquet

Dimanche 17 novembre 1957


Anglais caché par Mannoury
Anglais caché par Mannoury

L'arrestation de Mannoury

 

La rafle du cottage divais par Marcel V. de Dives-sur-mer

Je l’ai vécue … mon père et moi, nous y avons échappé !

Notre maison avait pris des éclats d’obus et ma sœur avait un peu peur si bien que nous étions allés loger chez Mannoury dans le cottage. Nous nous rendions le soir, mon père ma mère, ma sœur et moi, pour dormir au sous-sol de sa maison. Un jour on entend des bruits de voix et ce n’était pas du français. Mon père a dit « ce n’est pas possible que ce soit des Allemands chez Mannoury ». Nous avons continué à venir le soir et un jour, Mannoury est descendu nous voir et nous dit qu’il avait deux Anglais dans sa maison « Venez, vous allez faire connaissance ». Cela a duré deux ou trois soirs et puis plus personne, ils ont pu traverser les lignes. 


Quelques jours plus tard … La maison donnait à l’arrière sur le jardin et des prairies. Par la fenêtre, nous avons vu des Allemands arriver avec un chien, un peu plus tard, ils ont frappé à la porte, forcé l’entrée. Un officier qui parlait très bien français nous a interrogés. Ils nous ont emmenés en voiture, Mannoury et sa femme, mon père et moi jusqu’au bout de la rue, en face de la sécurité sociale, là où habitaient Le Cunff et Diverres. Il y avait déjà des Allemands, ils ont fouillé deux maisons, cela a duré peut-être une heure. Puis ils nous ont ramenés chez Mannoury, nous ont interrogés encore une fois et ils nous ont laissés papa et moi. Ils avaient vu notre literie en bas, et on leur a expliqué qu’on dormait seulement. Ils nous ont laissés et emmené Mannoury.

On ne l’a jamais revu. Les Allemands étaient bien informés, ils avaient la liste des personnes à arrêter avec leurs adresses précises.


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Fusillés divais
Le 8 Divais de Saint-Pierre-du-Jonquet
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Articles de presse lors du rapatriement des corps de 8 divais
Le 22 Novembre 1944, les corps de huit divais sont ramenés à Dives-sur-mer pour être enterrés dans le cimetière.
Les articles des journaux ont été transmis par Frédérique Houssemaine
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Hommage aux fusilllés de Saint-Pierre-du-Jonquet
Un article de Claude Doktor
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Bulletin du Souvenir
Publié par la ville de Dives en 2016 à l'occasion du 70ème anniversaire du rapatriement des corps des 8 Divais
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La rafle du Cottage Divais en vidéo


Les corps de 8 fusillés ramenés au cimetière de Dives en Novembre 1946

Collection privée Frédérique Houssemaine


Collection Mairie de Saint-Pierre du Jonquet


Cérémonie du souvenir le 27 Novembre 2016 à Dives sur mer